Les rites revêtent une dimension spirituelle profonde dont l'oubli ou l'ignorance peuvent génèrer une pratique religieuse machinale, voire dénaturée. Le jeûne n'échappe pas à cette règle. Ce mois de Ramadan est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir la véritable signification du jeûne. A cette intention, nous vous proposons une série de textes tirés des "Futuhat Makkiya" (Illuminations mecquoises), de l'éminent théologien et soufi andalous Ibn 'Arabi (XIIè - XIIIè siècle). Cette semaine, nous publions un premier extrait dans lequel le Cheikh se livre à une définition du jeûne...
Sache -qu'Allâh te secoure !- que le jeune, c'est l'abstinence (imsak) et l'exaltation (rif'a). On dit du jour qu'il "jeûne" (sâma) lorsqu'il culmine. Imru-l-Qays a dit: lorsque le jour s'éloigne et "jeûne", c'est-à-dire lorsqu'il atteint son sommet. (lire la suite...)
Voici un dernier extrait de l'oeuvre du Cheikh Ibn 'Arabi relatif au "jeûne des Connaissants par Allah" :
"Parmi les Saints (awliya'), il y a aussi les jeûneurs et les jeûneuses : qu'Allâh soit satisfait d'eux ! Il les prend en charge (tawalla) au moyen de l'abstinence qui leur donne en héritage une élévation auprès d'Allâh le Très-Haut à l'égard de toute chose dont le Droit divin leur a ordonné d'écarter leurs âmes et leurs membres, de manière obligatoire ou recommandée. Quant à la parole du Très-Haut adressée à cette catégorie "... ensuite parachevez le jeûne jusqu'à la nuit" (Cor.2, 187), elle indique le terme ultime du temps de l'abstinence dans le monde visible ('alam ash-shahada), c'est-à-dire le "jour". En effet, la nuit est véritablement le symbole du mystère (ghayb).